
Finissant mon chapitre, je me fis violence pour refermer mon livre. La nuit était déjà bien entamée. Je réussis non sans mal à m’assoupir, et basculai rapidement dans un rêve.
J’ouvris les yeux et me retrouvai dans la chambre que j’habitais chez mes parents. Depuis mon lit, sous le niveau des volets à moitié descendus, je voyais le grand parc arboré qui s’étendait aux pieds de l’immeuble. L’appartement était haut, mais certains arbres rivalisaient en hauteur avec ma fenêtre. Surprise, je découvris une végétation bien plus luxuriante que celle présente habituellement : dans ce rêve, le parc urbain ressemblait davantage à un bout de jungle.
Au sommet d’un des plus grands arbres, se trouvait un animal qu’il aurait été difficile de ne pas voir. Très grand, il était à la croisée de l’oiseau et du lézard, peut-être plus proche du phénix que du dragon, aux plumes d’une infinie variété de bleus. J’avais conscience d’être en présence d’un être venu d’un temps bien plus ancien, d’une époque dont seuls les mythes et les légendes gardent encore la trace.
Me redressant avec prudence dans mon lit, sans le quitter du regard, je sentis sous mon bras quelque chose qui me piquait. Baissant les yeux, je restai un moment interdite :
Abandonnée dans mes draps, une grande plume, d’une infinie variété de bleu, témoignait du passage de l’oiseau.
Texte par : Emmanuelle Vernay